Quels traitements pour la sclérose en plaques ?

Si la sclérose en plaques (SEP) ne se guérit pas encore, la prise en soins a connu des progrès considérables, à commencer par les traitements médicamenteux dont le nombre et l’efficacité accrus permettent désormais d’agir véritablement sur l’évolution de la maladie et d’améliorer le quotidien des malades. Aujourd’hui, grâce à ces traitements, il est possible de vivre avec une SEP et de mener à bien ses projets.

Quels traitements pour la sclérose en plaques ?

Comprendre la SEP

La sclérose en plaques (SEP) est une maladie inflammatoire touchant le système nerveux central (le cerveau, la moelle épinière et les nerfs optiques).
Première cause (hors accident) de handicap sévère non traumatique chez les jeunes adultes, elle concerne environ 140 000 personnes en France (dont 72 % de femmes). Elle résulte de l’interaction entre plusieurs facteurs génétiques (sans toutefois que la maladie soit héréditaire) et environnementaux (tabac, manque d’exposition au soleil, etc.).
Il s’agit d’une maladie :

  • le système immunitaire se retourne contre ses propres cellules,
  • chronique : c’est une maladie évolutive qui a un impact sur la vie quotidienne,
  • neurodégénérative : se caractérisant par la dégénérescence progressive des neurones.

Dans le cas de la SEP, le système immunitaire va attaquer par erreur la gaine de myéline, une substance qui entoure et protège les fibres nerveuses (dans le cerveau, la moelle épinière et les nerfs optiques). Cette atteinte provoque des troubles dans la transmission de l’influx nerveux entre le cerveau et le reste du corps, à l’origine de nombreux symptômes.
La maladie peut évoluer :

  • soit sous forme de poussées, avec l’apparition et la disparition des symptômes. C’est ce qu’on appelle la forme rémittente. Après un délai variable, les poussées peuvent laisser des séquelles et un handicap permanent peut s’installer et s’aggraver de façon progressive, avec ou sans poussée : c’est la forme secondairement progressive.
  • soit par l’aggravation lente et continue des symptômes neurologiques, sans poussée et sans rémission. C’est la forme primaire progressive.

Existe-t-il un traitement pour guérir de la SEP ?

Il n’existe pas à ce jour de traitement pour guérir de la sclérose en plaques, mais plusieurs traitements permettent de freiner son évolution et d’améliorer le quotidien des personnes touchées.
De plus, les récentes avancées de la recherche offrent l’espoir d’une guérison future.

Quelle prise en soins de la sclérose en plaques ?

Une prise en soins complexe

La prise en soins des patients reste complexe en raison de la disponibilité de plusieurs traitements qui diffèrent par leur voie d’administration, leur mécanisme d’action, leur efficacité mais aussi leur sécurité d’emploi. De plus, tous les patients ne répondent pas de la même façon aux traitements de la sclérose en plaques.
En ce sens, cette décision doit être prise de concert avec l’équipe soignante et, si possible, avec le patient.

Qui peut prescrire un traitement ?

Seul le neurologue peut prescrire les traitements. C’est aussi lui qui va orienter le patient vers les différents spécialistes. 

Les différents types de traitements de la SEP

Les traitements sont prescrits d’abord en fonction de la forme de la sclérose en plaques (rémittente ou progressive), mais aussi selon son état d’avancement, les symptômes, les besoins du patient et, dans la mesure du possible, ses préférences.

Il existe trois grands types de traitements de la sclérose en plaques :  

  • le traitement des poussées (pour les formes rémittentes et progressives), qui a pour but de réduire l’intensité ou le nombre de poussées ;
  • les traitements de fond (seulement pour les formes rémittentes), dont l’objectif est de ralentir la progression du handicap et de modifier l’évolution de la maladie ;
  • les traitements symptomatiques, qui visent à atténuer les symptômes de la maladie, réduire la gêne quotidienne et améliorer la qualité de vie.


RAPPEL - Qu’est-ce qu’une poussée ?

On appelle poussée l’apparition de nouveaux symptômes, ou l’aggravation de symptômes existants, durant plus de 24 heures et hors contexte de fièvre ou d’infection (rhume, grippe, infection urinaire…), avec une récupération parfois totale, parfois partielle (avec séquelles). Une poussée peut apparaître en quelques heures et durer de quelques jours à plusieurs semaines. Deux poussées doivent être espacées d’au moins un mois mais le délai entre chaque poussée est très variable. 

Une poussée ne justifie pas systématiquement une prise en charge thérapeutique ou la prise de médicaments : seules les poussées invalidantes (en fonction des symptômes et de leur impact sur la qualité de vie) sont traitées.
Le traitement repose sur :

  • la prise de corticoïdes à fortes doses, pendant trois à cinq jours, sous forme de perfusion ou de comprimés (en l’absence de contre-indications). Celle-ci peut se faire à l’hôpital (afin de prévenir les complications graves) ou au domicile ;
  • des échanges plasmatiques (décidés par l’équipe médicale) si les corticoïdes sont inefficaces sur des poussées très invalidantes. Ce procédé consiste à faire passer le sang du malade dans une machine afin d’en retirer les molécules inflammatoires.

 À SAVOIR : En cas de poussée invalidante pendant la grossesse, il est possible de la traiter avec des corticoïdes par voie intraveineuse, quel que soit le terme.


Quels traitements de fond pour ralentir la sclérose en plaques ?

À ce jour, il n’existe pas de traitement de fond pour les formes progressives. Seul l’ocrélizumab peut être utilisé dans les formes secondairement progressives s’il existe des poussées surajoutées.
Pour les formes rémittentes, il existe des traitements de fond qui ont pour objectif de :

  • réduire la fréquence des poussées,
  • éviter la progression du handicap et l’apparition de nouvelles lésions à l’IRM.

Ces traitements de fond sont classés en trois groupes : les traitements de moyenne efficacité, de haute efficacité et de recours. Ils reposent essentiellement sur la prise de médicaments immunomodulateurs ou immunosuppresseurs.
Ils peuvent être prescrits dès la première poussée de sclérose en plaques confirmée. Le choix du traitement se fait toujours en concertation avec le patient, selon ses préférences d’administration (voie orale ou injectable), un éventuel désir de grossesse et selon l’activité de la maladie.

Les traitements de moyenne efficacité

En première intention, le neurologue prescrit généralement un traitement de moyenne efficacité.
Celui-ci repose essentiellement sur l’administration (par voie injectable ou orale) de deux types de médicaments au choix, après concertation avec le neurologue et le patient :

  • des immunomodulateurs, par voie injectable, qui modifient les défenses immunitaires sans les supprimer complètement :
    • les interférons béta (IFN) de type : Avonex® 30 µg (IFN bêta-1a), Plegridy® 125 µg (IFN bêta-1a), Betaferon® 8 MUI (IFN bêta-1b), Extavia® (IFN bêta-1b), Rebif® 22 ou 44 µg (IFN bêta-1a),
    • l’acétate de glatiramère : Copaxone® (acétate de glatiramère) 20 mg ;
  •  ou des immunosuppresseurs, par voie orale, qui réduisent ou bloquent les défenses immunitaires : 
    • les fumarates : dimethylfumarate (Tecfifera®) 240 mg ou diroxymel fumarate (Vumerity®) 231 mg,
    • le tériflunomide (Aubagio®) 14 mg.

 Ces médicaments sont généralement bien tolérés et font l’objet d’une surveillance régulière.

Les traitements de haute efficacité (HET)

En cas d’échec des traitements dits de « moyenne efficacité » ou lors d’une forme de sclérose en plaques d’emblée sévère, un traitement immunosuppresseur dit de « haute efficacité » peut être indiqué. Les médicaments prescrits peuvent être :

  • par voie injectable : l’ocrélizumab (Ocrevus®), l’ofatumumab (Kesimpta®) et le natalizumab (Tysabri®),
  • par voie orale : le fingolimod (Gilenya®), le ponésimod (Ponvory®) et le mavenclad (Cladribine®).

Ils agissent plus fortement sur le système immunitaire et nécessitent une surveillance renforcée.

Les traitements de recours

Lorsque les traitements dits de « haute efficacité » sont inefficaces (survenue de poussées, présence de nouvelles lésions à l’IRM), d’autres thérapeutiques existent, comme la mitoxantrone, qui est un type de chimiothérapie, ou la greffe de cellules souches.


Quels traitements pour les symptômes provoqués par la SEP ?

Des traitements différents selon les symptômes

Les symptômes de la SEP 
sont extrêmement variables d’une personne à l’autre mais aussi chez une même personne, selon la phase de la maladie et/ou le moment de la journée. Ils dépendent en effet de la zone touchée (cerveau, moelle épinière, nerfs optiques) par les lésions de la sclérose en plaques.
Ils peuvent se manifester par des troubles divers, tels que des troubles de la sensibilité, de la motricité, de l’équilibre et de la coordination, mais également par des troubles urinaires, digestifs et sexuels, de la parole et de la déglutition ou encore des symptômes non visibles comme des troubles cognitifs et de l’humeur ou une fatigue intense.
Les traitements symptomatiques vont donc être différents pour chaque personne (selon la nature des symptômes et leur intensité). Certains symptômes peuvent être traités par des médicaments, généralement associés à d’autres actions (mesures hygiéno-diététiques, thérapies manuelles, kinésithérapiques ou psychothérapeutiques ou encore appareillages).

L’effet de ces traitements est en général de durée limitée et nécessite leur renouvellement tant que les symptômes persistent. Ils sont réajustés à chaque consultation avec le neurologue, en fonction de leur effet positif ou négatif et de l’évolution des symptômes.

Une prise en soins pluridisciplinaire

Une prise en soins globale est essentielle pour soulager les symptômes. Elle repose à la fois sur : 
  • des médicaments (instaurés progressivement pour une meilleure tolérance),
  • des mesures hygiéno-diététiques (activité physique régulière adaptée et fractionnée, etc.),
  • des thérapies manuelles, kinésithérapiques ou psychothérapeutiques,
  • ou encore des appareillages.
Cette prise en soins pluridisciplinaire est généralement coordonnée par un service de médecine physique et de réadaptation, avec l’intervention possible de plusieurs professionnels de santé médicaux (neurologues, médecins de médecine physique et de réadaptation, urologues, gastroentérologues…) et paramédicaux (infirmières, kinésithérapeutes, orthophonistes, ergothérapeutes...).
ZOOM sur le suivi psychologique 
À noter que, au-delà du suivi purement médical, une prise en charge psychologique peut être recommandée durant la maladie.

Vous avez une question sur votre traitement ou votre suivi ?
- Adressez-vous à votre neurologue référent
- Contactez la permanence téléphonique médicale de France Sclérose en Plaques


Traitements de la SEP : les enjeux de la recherche

La prise en charge de la SEP a considérablement évolué durant les 15 dernières années grâce à une recherche fondamentale et clinique très active, que ce soit pour les traitements de fond, des poussées ou des symptômes (médicamenteux ou non), permettant l’amélioration de la qualité de vie du patient.
Aujourd’hui, la recherche continue d’être extrêmement active pour découvrir de nouveaux traitements de la SEP et des progrès spectaculaires ont été réalisés dans les nouvelles stratégies thérapeutiques telles que :

  • les immunothérapies (thérapies qui stimulent le système immunitaire pour lutter contre les maladies),
  • les traitements ciblés (qui permettent un contrôle beaucoup plus ciblé et efficace de l’inflammation et donc de l’évolution de la maladie).

D’autres approches fondées sur la remyélinisation et la neuroprotection se développent activement. Certains chercheurs, eux, s’intéressent au microbiote intestinal (anciennement appelé flore intestinale) des patients, dont la composition jouerait un rôle dans l’inflammation et la régulation du système immunitaire.

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